Qui n’a jamais rêvé, dans les embouteillages, de quitter le bitume et de rejoindre les oiseaux migrateurs pour planer avec eux vers des horizons plus cléments ? Cette semaine, Chacun sa route prend un peu d’altitude et vous invite à la découverte des voitures volantes, entre ciel et terre, rêve et réalité.
Le mythe de la voiture volante ne date pas d’hier. Autrefois cantonnée aux romans de science-fiction et aux écrans de cinéma, ces voitures pourraient cependant « bientôt » faire partie de notre quotidien, si l’on en croit certains experts. Des constructeurs, industriels et inventeurs un peu fous affirment en effet pouvoir concevoir des bolides inspirés des avions et des hélicoptères, aussi à l’aise sur route que dans les airs. Mais qu’en est-il vraiment ?
Un vieux rêve
C’est à Jules Verne que l’on doit la description de la toute première voiture volante. En 1904, dans Le Maître du monde, l’écrivain imagine l’Épouvante, un véhicule étonnant « de structure fusiforme, l’avant plus aigu que l’arrière, la coque en aluminium, les ailes en une substance [dont on ne pouvait] déterminer la nature… » et capable de voler et de rouler à plus de 250 km/h, et même de plonger.
Si la voiture est déjà assez populaire au début du siècle, et alors que la Jamais Contente vient de dépasser le record de 100 km/h sur route, les prouesses de l’Épouvante restent bel et bien du domaine de la science-fiction. Quelques années plus tard, Albert Robida dessine lui aussi des voitures volantes, qui, avec leurs ailes latérales, font penser à des libellules, et transportent le Tout-Paris d’un restaurant chic à l’Opéra. On retrouvera d’ailleurs des engins similaires dans les films de Miyazaki, dont Le Château ambulant.
Dans les années 80, même si l’automobile a fait quelques progrès, la perspective d’une voiture volante n’est toujours pas d’actualité. Les scénaristes et réalisateurs s’inspirent des modèles populaires de l’époque pour imaginer ce que seront les véhicules de l’an 2000. C’est ainsi que Doc et Marty, les deux compères de Retour vers le futur, se retrouvent au volant d’une DeLorean datant de 1975 pour voyager dans le temps. Le film précise même que c’est en 2015 que serait inventée la technologie permettant de transformer une voiture normale en voiture volante. Une prédiction qui ne s’est malheureusement pas réalisée…
Quelques années plus tard, en 1997, Le Cinquième Élément de Luc Besson revisite l’image de la voiture volante avec ses taxis new-yorkais jaunes, qui volent dans tous les sens dans une parfaite imitation du périphérique parisien un samedi avant Noël. En réalité, le taxi de Korben Dallas est directement inspiré des vignettes d’une bande dessinée signée Jean-Claude Mézières et intitulée Valérian et Laureline — Les cercles du pouvoir, paru quatre ans auparavant.

Mais si la science-fiction fait bien évidemment la part belle aux voitures volantes, on retrouve aussi ces engins miraculeux dans d’autres genres de fictions. C’est le cas notamment dans Harry Potter et la Chambre des secrets, avec sa célèbre Ford Anglia bleue. Cette voiture enchantée appartenant à Arthur Weasley doit sa capacité à voler et à disparaître à la magie. Après avoir emmené nos deux jeunes héros à Poudlard, elle reprend sa liberté dans la Forêt interdite et reviendra rendre quelques services dans les épisodes suivants. Anecdote étonnante, la Ford Anglia que l’on voit dans le film a disparu des studios de tournage de Saint-Agnes, au sud-est de l’Angleterre, et n’a jamais été retrouvée… Elle s’est envolée, comme par magie !
Des voitures volantes bientôt disponibles ?
En réalité, et bien que l’on n’en croise pas tous les jours, les voitures volantes existent déjà depuis le début du XXe siècle. Les inventeurs et passionnés sont nombreux à avoir mis au point des véhicules capables de rouler et de voler, comme l’Arrowbile de Waldo Waterman dès 1937, ou l’Aerocar, un étonnant avion convertible en automobile imaginé par Moulton B. Taylor en 1949. Cependant, aucune de ces créations n’a vraiment connu de succès public, jusqu’à ces dernières années.
En 2018, au prestigieux Salon de l’automobile de Genève, un stand vole la vedette aux autres. La firme néerlandaise PAL-V présente en grande pompe la Liberty Pioneer, véhicule haut de gamme et révolutionnaire, à mi-chemin entre la voiture et l’autogire. Doté d’un rotor libre et d’une hélice propulsive, l’engin est capable de s’envoler en seulement 160 mètres, dispose d’une autonomie en vol d’environ 500 km et peut atteindre la vitesse de 180 km/h. Le carnet de commandes est ouvert, mais le rêve a un prix : 499 000 € l’unité. Un second modèle, nommé Liberty Sport, devrait être commercialisé dès 2021 au tarif de 299 000 €.
Avis aux amateurs : en plus d’un portefeuille bien garni, l’heureux acquéreur doit être titulaire d’un brevet de pilotage PPL (licence de pilote privé).

Vers l’infini et au-delà !
2020 devrait voir le développement de nouvelles voitures volantes, dont le très attendu Jet-Racer. Breveté en 2018, cet audacieux projet est porté par Franky Zapata, le pilote qui a fait rêver le monde entier en survolant les Champs-Élysées en Flyboard avant de traverser la Manche. Cette fois, son entreprise a imaginé une monoplace volante capable de planer à plus de 400 km/h, mais avec seulement 20 minutes d’autonomie. La présentation au public devrait avoir lieu à la fin de l’année 2019.
De nombreuses start-up et entreprises spécialisées dans les transports ont, elles aussi, lancé des tests de prototypes de voitures volantes. Citons par exemple le programme Elevate d’Uber, visant à désengorger les transports en commun en utilisant les airs, le Vahana d’Airbus, ou le Flyer de Kitty Hawk, une firme en partie financée par le cofondateur de Google. Selon les scientifiques et les ingénieurs interrogés, les progrès de la science en matière d’allégement des matières et l’utilisation de sources d’énergies renouvelables pourraient changer la donne et ouvrir la voie à l’aérien individuel.
La Volante Vision Concept est l’un des projets les plus avancés en la matière. Mis au point par Aston Martin, ce « véhicule volant autonome hybride » se veut rapide, écologique et pratique. Le constructeur anglais a fait appel aux chercheurs de la Cranfield University et aux meilleurs experts mondiaux de l’aérospatiale pour concevoir cet engin futuriste particulièrement design. Ici encore, il reste deux obstacles majeurs à la mise en œuvre : le coût et l’autonomie.
Il semblerait donc que l’on soit plus proche que jamais de l’invention d’une voiture volante capable de transformer nos modes de transport et notre vie quotidienne. Et vous, serez-vous prêt à quitter le plancher des vaches et les embouteillages pour voguer tranquillement au milieu des nuages ? Venez nous en parler sur la page Facebook Norauto !